Financement d’une acquisition

Le plus souvent, l’entreprise utilise plusieurs sources de financement.

 

De manière classique, et au risque de simplifier le message, une banque estimera raisonnable de voir la dette financière nette de l’entreprise monter jusque 3 fois l’excédent brut d’exploitation (ou EBITDA, le bénéfice d’exploitation majoré des amortissements). Pour les transactions ne dépassant pas 5 millions d’euros, la valeur d’entreprise est en moyenne de 5 fois l’EBITDA, d’après l’étude annuelle publiée par Vlerick. Précisons qu’à la valeur d’entreprise, il faut retirer la dette financière et ajouter la trésorerie pour déterminer la valeur des fonds propres qui font l’objet de l’acquisition.

 

Précisons aussi que le coefficient 5 et une moyenne, qui varie selon le secteur et selon les perspectives d’avenir de l’entreprise. Des résultats stables et de belles perspectives de croissance augmenteront la valeur. L’instabilité des résultats et des risques élevés quant au futur diminueront la valeur. Il existe bien sûr de nombreuses méthodes de valorisation. Pour les entreprise matures, le multiple de l’EBITDA s’imposé comme l’étalon de référence.

 

Et, bien entendu, la valeur ne signifie pas le prix, qui résulte d’une négociation entre acheteur et vendeur. Pour reprendre l’expression du célèbre investisseur américain Warren Buffet « Price is what you pay, Value is what you get ».

 

Si, en schématisant, la banque finance un multiple de 3 X l’EBITDA une acquisition qui coûte, en moyenne, 5 X l’EBITDA, comment financer la différence ?

 

Les fonds propres engagés dans une acquisition sont, en moyenne, de l’ordre de 20 à 30 %. Ils viennent dans un premier temps de l’acquéreur qui, espérons-le, aura pu augmenter ses fonds propres grâce à la mise en réserve de bénéfices passés. Si les fonds propres ne sont pas suffisants, le marché offre plusieurs alternatives : crowdfunding, business angels, invests et fonds privés. L’entrepreneur analysera l’impact de l’entrée de nouveaux actionnaires dans son tour de table, avec une dilution de son intérêt économique, de son pouvoir et de sa liberté de manœuvre, mais aussi une professionnalisation de la gouvernance et parfois un apport de compétences et de réseau par les nouveaux investisseurs.

 

Le complément aux fonds propres et à la dette bancaire devra être cherché de manière créative. Le vendeur accepte dans certains cas d’être payé plus tard pour une partie du montant. On parle alors d’un crédit-vendeur, ou « vendor loan ». Le vendeur peut aussi parfois accepter une clause d’earn-out selon laquelle un montant variable sera payé plus tard sur base de résultats futurs mesurables. Par exemple un pourcentage du chiffre d’affaire, de l’EBITDA ou du résultat avant impôts qui dépasse un certain niveau. La clause d’earn-out permet parfois de couvrir la différence entre les prix acceptables par respectivement l’acheteur et le vendeur.

 

Les pouvoirs publics favorisent la reprise d’entreprises en offrant des financements via les invests en Wallonie, finance.brussels à Bruxelles et PMV en Flandre. Un financement public peut être subordonné, lui conférant un caractère de quasi fonds propres. A défaut d’être subordonné, il peut parfois être octroyé sans garanties.

 

L’acquisition des biens immobiliers fera l’objet d’une attention spécifique, car ils alourdissent parfois singulièrement le poids de l’acquisition. Une option est de ne pas acheter l’immobilier, mais uniquement le fonds de commerce. Une alternative parfois attractive est de combiner l’achat du fonds de commerce avec la conclusion d’une option d’achat relative à l’immobilier ? Cette formule permet à l’acquéreur de s’assurer à terme la possibilité de procéder à l’achat du bien, sans obérer ses finances dans un premier temps.

 

La stratégie de financement bancaire devra être étudiée. Souvent, il est opportun de favoriser la durée la plus longue pour conforter la liquidité de l’entreprise. Le recours au taux fixe, dans cette période de taux historiquement bas, réduit les risques sur les charges d’intérêt du futur.

 

Le besoin de financement opérationnel de la cible sera examiné. Peut-il être réduit grâce à la vente d’actifs excédentaires et à une meilleure gestion du fonds de roulement ? Un accord peut-il être discuté avec les fournisseurs ?

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